Plan de lutte contre la précarité étudiante : Julien Bayou fustige le manque d’ambition et d’anticipation de l’exécutif régional
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Discussion générale

Explication de vote

Madame la Présidente,

J’ai rencontré récemment l’ensemble des syndicats étudiants et ils sont unanimes : pour les étudiant·es c’est trop peu, trop tard. Il aura fallu des suicides pour que le Gouvernement se penche enfin sur la situation dramatique des étudiant·es, leur détresse psychique, leur misère alors que les Aides Personnalisées au Logement (APL) ont baissé, que les bourses sont insuffisantes, que les jobs étudiants sont désormais impossibles, que leur avenir professionnel est bouché et que le dérèglement climatique l’obscurcit encore.

Ils étaient précaires, mais désormais ils basculent dans la misère. Cette situation ne date pas d’hier. L’ensemble des syndicats étudiants sont également unanimes : ce sont les choix d’il y a 10 ou 15 ans qui nous ont précipité·es dans cette situation quand Valérie Pécresse et sa famille politique étaient au Gouvernement. C’est l’autonomie des universités qui a accentué les inégalités entre les facs et qui n’a pas prévu d’augmenter le nombre de places. C’est la baisse du nombre de fonctionnaires – le fameux non remplacement d’un fonctionnaire sur deux qui pose maintenant des problèmes pour appliquer les protocoles sanitaires -, le retard dans l’encadrement des stages et désormais du service civique. C’est le défaut d’anticipation, en somme, dont vous êtes responsable et dont parlait ma collègue Loubna Meliane.

Aujourd’hui, vous nous présentez un soi-disant grand plan, on vous voit toutes et tous à la tribune, on est en janvier, 10 mois après le début de la crise, trop peu, trop tard. Vous parlez d’un grand plan, c’est en réalité un plan indigent et parcellaire avec aucune mesure structurante. Vous allez payer quelques chambres d’hôtel, mais nous avec l’ensemble des groupes de gauche nous vous proposions depuis mars d’agir pour le logement des étudiant·es. Et depuis 5 ans, vous cassez le soutien au logement social, y compris étudiant. Vous avez abandonné l’idée de transformer ces nombreux bureaux vides en logements ou le soutien aux actions d’urgence du CROUS. Depuis un an vous n’avez rien fait, depuis 5 ans vous n’avez rien fait.

Et Madame Adlani, pardon mais, vous n’avez pas honte ? Vous parlez d’hébergement, de logement, et il y a quelques années à cette tribune, au début de ce mandat, vous aviez, la main sur le cœur, promis de soutenir le dispositif Un Logement d’abord et jamais, jamais vous n’avez rappelé les animatrices et animateurs de ce dispositif. Je le tiens d’eux. Et là vous nous inventez des logements ou de l’hébergement en hôtel, mais en fait on se demande si vous préférez soutenir les étudiant·es ou plutôt Accor.

De la même manière, avec cette fumisterie de la garantie de prêt, on constate que vous, vous voulez aider les banques. Nous, nous voulons soutenir les étudiant·es. Alors que les États-Unis réfléchissent enfin à annuler la dette étudiante, il est hors de question pour nous de soutenir cette fuite en avant. Vous n’avez rien anticipé et y compris encore récemment quand vous refusiez de soutenir le RSA pour les moins de 25 ans au motif, je cite « de refuser d’ancrer la jeunesse dans l’assistanat« . Nous ne demandons que le droit commun pour ces adultes. Les mêmes droits et le même droit à un avenir, l’autonomie. Vous, vous n’avez jamais reculé devant le réel assistanat, c’est-à-dire les aides aux entreprises sans contrepartie, mais là il s’agit de procurer assistance à des étudiant·es en détresse. Nous demandons l’accès au droit commun. Madame Pécresse, par exemple, a eu la chance d’être rémunérée par l’État pendant ses études, exactement comme Bruno Le Maire et ce n’était pas 500 euros par mois ! C’était de l’assistanat peut-être ? Nous demandons ces mêmes chances pour toutes et tous et c’est le RSA pour les moins de 25 ans, c’est une allocation d’autonomie pour étudier.

Aujourd’hui, devant l’urgence, nous vous réclamons l’annulation des loyers et des dettes pour les boursiers en cité U et plutôt qu’une garantie de prêt, d’abonder un fonds régional d’aide aux étudiant·es pour aider mensuellement les plus en difficultés à faire face à leurs dépenses.

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Explication de vote

La présentation de ce rapport était d’autant plus longue que le plan est court. Après nos interventions, j’ai vraiment eu le sentiment que le ton montait inutilement pour tenter de masquer votre inaction. C’est ce qui arrive quand on est pris en défaut, n’est-ce pas Madame Hidri ? On s’emporte et d’ailleurs vous n’avez pas répondu sur le fond. Moi je soulevais un problème précis, un sujet précis : la question de l’hébergement et du logement d’abord. Les faits sont têtus : en janvier 2017, dans l’hémicycle régional, nous étions en pleine vague de froid, il y avait eu un sous-amendement de l’exécutif, porté par Madame Adlani qui m’avait dit, qui nous avait dit, on va soutenir le programme Un Logement d’abord. , « chez soi d’abord », la larme à l’œil et la main sur le cœur. Tout y était et elle n’a pas dénié rappeler la directrice du programme. 

Avant-hier, nous avons eu le rapport sur le mal-logement de la Fondation Abbé Pierre et nous devons le dire, le Gouvernement n’est pas seul responsable de l’aggravation de la situation du mal-logement en France et en Ile-de-France. Vous y prenez malheureusement toute votre part, en revenant sur vos promesses et en flinguant les dispositifs de soutien au logement social.

Alors là, vous nous proposez des mesures, un grand plan, mais ce ne sont que des « mesurettes ». Toutefois, par égard pour les étudiant·es, nous les voterons avec – j’insiste – un vote dissocié sur cette funeste garantie de prêt. Pour nous, encore une fois, l’enjeu ça n’est pas de fournir des clients aux banques, c’est l’autonomie. L’enjeu c’est de soutenir les étudiant·es pour qu’ils puissent s’épanouir et s’émanciper et non pas leur enfoncer la tête sous l’eau pour les prochaines années. Ce vote ne peut pas vous exonérer de votre responsabilité, du défaut d’anticipation et du refus depuis des mois de prendre les mesures qui s’imposent et que nous vous proposons.