
Madame la Présidente,
Mes cher·es collègues,
Hier, l’Etat a été condamné pour “préjudice écologique” dans l’Affaire du Siècle, le premier procès climatique de France. Aujourd’hui, les salariés sont mobilisés dans tout le pays pour la préservation de l’emploi et des services publics. Ces mêmes services publics que vous affaiblissez en ne remplaçant pas un fonctionnaire régional sur deux qui part à la retraite.
À travers la France, ce sont pas moins de 72 000 suppressions d’emplois – dont 47 % en Ile-de-France – qui sont prévues dans le cadre de Plans sociaux par des entreprises qui, pour beaucoup , ne sont pas des « victimes » de la crise.
En Ile-de-France, entre 2019 et 2020, les prévisions de suppressions d’emploi ont augmenté de 100%, oui elles ont doublé en une année ! Sous votre présidence Mme Pecresse!
Quelques exemples… Nokia, qui prévoit la suppression de 746 postes à Nozay en Essonne (sur 986 postes en France), Total qui va supprimer 150 emplois à Grandpuits en Seine-et-Marne, Suez, dont 9000 postes sont menacés par l’OPA de Véolia, Auchan, Sanofi…
La liste est longue, qui plus est dans les secteurs – agro-alimentaire, industrie pharmaceutique, téléphonie – qui sont les grands gagnants de la crise avec des parts de marché en hausse, des aides publiques faramineuses et une boîte à outils toujours plus fournie pour se délester de leurs salarié.es, variable d’ajustement d’une stratégie financière et boursière décomplexée, totalement déshumanisée.
Je ne parle pas là de PME- TPE ou d’artisans qui souffrent vraiment de la crise sanitaire et méritent d’être aidés par tous les moyens. Je parle de ces grands groupes qui se cachent opportunément derrière la crise pour accélérer des plans sociaux et des délocalisations déjà planifiées de longue date !
Sans aucune remise en question de leur modèle productiviste prédateur, sans stratégie de transition écologique, mais à coup de greenwashning outrancier à la Total, sans aucune considération pour les salarié.es, ces entreprises se saisissent de la crise et des aides de l’Etat et des collectivités telles la Région Île-de-France comme d’une aubaine pour distribuer encore plus de dividendes aux actionnaires.
Oui, à toujours brandir le totem de l’attractivité économique au mépris des engagements sociaux et écologiques, l’emploi des Franciliens est bien l’une des premières victimes de vos politiques !
Ce que vous appelez Plan de relance est en fait un Plan de continuité : continuité de la dérégulation du travail, continuité de la primauté des dividendes aux actionnaires sur l’emploi et les salariés, continuité du modèle productiviste au mépris du climat.
Alors notre question est simple : la Région envisage-t-elle enfin de constater les erreurs et l’impasse de sa politique d’attractivité économique ? Et face à ces plans sociaux massifs, face à l’opportunisme de toutes ces entreprises, envisage-t-elle enfin de mettre en place les contrôles et la conditionnalité sociale et environnementale qui s’imposent ?
Je vous remercie.